Comment la Bible a-t-elle transformé notre culture?

Stéphane: Bonjour Florent, tu viens de publier aux Éditions CLÉ le nouveau livre Merci la Bible. C’est un ouvrage collectif avec 10 autres contributeurs. Il existe bien évidemment énormément de livres sur la Bible, mais quelle est la particularité de celui-ci?

Florent: Ce livre ambitionne de montrer combien la Bible a influencé positivement notre façon de vivre et de penser, ainsi que nos valeurs en Occident. À l’heure où la Bible, et les religions en général, sont décriées, il était intéressant de montrer certaines de ses bonnes contributions à notre monde.

J’ai eu connaissance il y a quelque temps d’un livre du philosophe indien Vishal Mangalwadi (The Book That Made Your World) qui montre l’impact positif de la Bible sur la civilisation occidentale, sa conception de la famille, sa notion de dignité humaine. Je me suis alors demandé si notre société en était elle-même consciente et j’ai demandé à plusieurs spécialistes, dans leur domaine, ce que l’on pouvait en dire aujourd’hui. La particularité de ce livre, c’est d’offrir des regards très différents sur la Bible, puisque chacun s’intéresse à un domaine particulier, en fonction de ce qu’il connaît le mieux.

Tant d’expressions populaires proviennent de la Bible sans que les gens en connaissent l’origine. Cela montre combien notre façon de penser est imprégnée des textes de la Bible.

S: J’imagine qu’en travaillant avec tant de contributeurs, tu as fait toi-même de belles découvertes sur l’influence de la Bible dans des domaines insoupçonnés. Peux-tu nous donner des exemples qui t’ont particulièrement frappés?

F: J’ai été vraiment interpellé par la solidité de l’apport biblique quant à la non-violence. Dans un climat où l’on fustige (à juste titre) la violence de la religion, Jamel Attar a fait un super travail en recensant ces notions bibliques.

Plus récemment, je me suis penché sur ce qui dit la Bible en matière de politique, pour savoir quelle attitude un chrétien devrait avoir dans la cité : doit-il prendre parti, s’engager, militer?

La notion de dignité humaine, indépendamment de son apport à la société, n’est possible que si l’être humain est créé à l’image de Dieu. Cette pensée est très bien développée dans le livre.

Ce ne sont que trois exemples parmi d’autres (tous les chapitres méritent le détour!), mais je suis frappé de voir à quel point la Bible répond aux préoccupations de la vie quotidienne de l’individu, à la fois sur le plan moral et sur le plan philosophique, et combien elle répond aux grandes interrogations fondamentales de l’homme sur son lien avec Dieu.

S: Comment as-tu fait pour choisir les 10 thèmes retenus? J’imagine que la liste aurait pu être bien plus longue…

F: En effet. D’ailleurs, au départ, d’autres thèmes étaient prévus. Nous voulions aborder des questions éthiques plus fines, comme la contribution de la Bible au domaine de la santé. Mais ces sujets sont vastes et le livre ne se veut pas non plus encyclopédique. Je pense que la réflexion mériterait d’être prolongée dans ces différents domaines.

Le choix s’est articulé autour de deux axes: d’une part, ce qui concerne chaque individu aujourd’hui, comme le travail, l’éducation ou la sexualité; on pourrait dire que ce sont des domaines de la vie quotidienne où chacun est concerné. D’autre part, les valeurs fondamentales qui interrogent notre époque: les notions de non-violence, de dignité humaine et de compassion, par exemple; c’est le domaine de nos valeurs, de nos convictions et de nos idéaux.

Oui, la liste pourrait être beaucoup plus longue… Mais peut-être d’autres auteurs souhaiteront-ils par la suite témoigner de leurs expériences dans leur propre domaine de compétence?

S: En cette période d’élections présidentielles [en France], peux-tu résumer comment la Bible a influencé l’action politique?

F: J’ai développé, avec mon collègue Philippe Viguier un autre livre intitulé L’Évangile et le citoyen. Ce livre suggère que l’Église, en tant qu’institution, garde une certaine distance avec les dirigeants de ce monde. Nous proposons que l’Église se veuille essentiellement témoin de Christ, de ses valeurs et de son message, par ses paroles et par ses actes. La séparation des pouvoirs et des devoirs est importante dans l’Évangile (Jésus indique bien de rendre à chacun ce qui lui est dû: à César et à Dieu).

Le discours que tient Cyril P., diplômé en affaires publiques (IEP de Lyon), en philosophie (Lyon III) et en management (IAE de Lyon), propose un regard un peu différent. Il cible l’influence qu’un chrétien engagé en politique devrait avoir, selon la Bible. Si un chrétien s’engage, que doit-il retenir de l’influence de la Bible?

Vous n’y trouverez pas de consigne de vote, mais quelques remarques sages qui feront écho à l’interrogation de plusieurs quant au « comment voter en 2017? »

S: Quelles seront certaines des plus grandes surprises pour un lecteur non chrétien sur l’influence de la Bible dans notre société?

F: Je pense qu’un non-chrétien pourrait attribuer la notion de non-violence à Gandhi par exemple, sans découvrir qu’elle vient de bien plus loin. Je pense qu’il sera touché par la compassion exprimée par un pasteur engagé dans l’accompagnement des prostituées. Il devrait être impressionné également par le contraste entre ce qui caractérise le christianisme biblique (la grâce) et le rapport à Dieu dans les autres religions.

La famille me semble également être un point de référence. C’est la structure universelle de base de la société, quelle que soit la civilisation concernée. Et aujourd’hui, où l’émission Super Nanny prospère, peu de personnes savent quels sont les principes éducatifs qui « marchent » et qui permettent un développement harmonieux et structuré de l’enfant. Ces principes sont tous présents dans la Bible.

S: À qui s’adresse ce livre? Qui espères-tu voir lire votre livre?

F:Le livre s’adresse à toute personne qui s’intéresse à la Bible et qui ne connaît rien de son message. Mais j’ai surtout l’espoir qu’il donne envie à celui ou celle qui ne l’a jamais ouverte d’aller voir de plus près ce qu’elle dit.

Ce livre se termine sur un résumé de la Bible en 1000 mots, le fil rouge de son message. J’espère que ce résumé, ainsi que la contribution de chaque auteur, donneront l’occasion à beaucoup de connaître plus précisément le message de l’Évangile.

S: Merci Florent d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et merci pour ton travail au service de l’Église. Que 2017 voit de nombreux autres projets de ce genre sortir de presse!